Honorer l’héritage des tirailleurs, c’est refuser l’insulte et l’oubli


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« Vous n’avez pas le droit d’insulter nos héros ». Ces mots résonnent comme un cri du cœur, un appel à la mémoire et au respect. Dans un contexte où l’histoire de certains groupes africains est souvent négligée, voire effacée, cette phrase rappelle une vérité inaltérable : les tirailleurs, ces hommes venus de l’Afrique coloniale, sont les piliers d’une histoire commune qu’on ne peut ignorer ni dénigrer. Ces hommes, souvent oubliés, ont sacrifié leur vie pour la France et l’idéal de liberté. Le discours récent du Président Diomaye DiakharFaye lors de la commémoration de Thiaroye 44 en est une parfaite illustration. Pourtant, de nombreuses voix continuent de tenter de les effacer ou de les réduire à des figures de second plan, parfois même à des boucs émissaires de l’injustice et de la haine. La seule nouveauté est que l’ennemi de nos héros est, aujourd’hui, un Noir nourri par le peuple noir.

 

L’attaque contre eux, symbolisée par des métaphores violentes et dégradantes : « traître », « mercenaire », « ennemi de leur propre peuple » est une provocation dans toute sa crudité. Ces propos détestables sont utilisés, sans égard, par ceux qui crachent sur l’héritage de ces soldats. Le choix de ces métaphores s’avère particulièrement frappant : elles sont conçues pour choquer. Pour souligner leur mépris, certains veulent placer l’humiliation envers ces victimes, non seulement pendant la guerre, mais aussi dans l’oubli qui a suivi par la France, artisans du massacre de nos héros.

 

Il est difficile d’imaginer la souffrance que ces hommes ont endurée, non seulement sur les champs de bataille, mais aussi dans le silence qui a suivi leur retour. Lorsqu’ils sont revenus de la Première et de la Seconde Guerre mondiale, ces tirailleurs sénégalais, qui avaient risqué leurs vies pour une nation qu’ils aimaient, ont souvent été accueillis par l’indifférence, l’oubli, et parfois même par la honte. Ils n’étaient que des instruments au service de la guerre, invisibles aux yeux de ceux qu’ils avaient protégés. Et pourtant, ces hommes ont fait plus que survivre à des batailles terribles ; ils ont incarné un sacrifice qui va bien au-delà des frontières physiques.

 

La réalité des tirailleurs est loin d’être un simple récit de guerre. Elle est un cri de révolte face à une histoire mal comprise et souvent déformée. Ils ont été des témoins d’une époque où la colonisation donnait à certains le pouvoir de disposer des vies humaines comme d’un bien. Ces soldats n’ont pas été des machines à tuer, mais des êtres humains, arrachés à leur terre, envoyés sur des champs de bataille où ils ont combattu pour des idéaux qu’ils ne comprenaient pas toujours, mais qu’ils ont embrassés dans un esprit de dévouement et de loyauté. Leur engagement ne mérite pas d’être terni par des jugements qui ne prennent en compte ni leur sacrifice ni leur humanité. Dire qu’ils ont été massacrés pour de l’argent, des propos qui auraient déclenché une guerre si c’était un Blanc qui l’avait proféré. C’est minable et grotesque. C’est choquant et renversant.

 

La phrase « les tirailleurs, ce sont eux, notre histoire » ne se limite pas à un simple hommage. Elle résonne comme une affirmation de justice. Elle rétablit la vérité historique et refuse de laisser ces héros être réduits à l’oubli. Ce sont eux qui, avec courage et dignité, ont affronté des ennemis bien plus puissants qu’eux, souvent sous des conditions extrêmes et inhumaines. Et pourtant, dans le silence du temps, leur histoire a été étouffée par les voix du mépris et du déni. Il est grand temps de rendre hommage à ces hommes qui ont tant donné pour notre pays, sans jamais rien attendre en retour, si ce n’est une reconnaissance qu’ils n’ont jamais obtenue à la hauteur de leur sacrifice.

 

Cette dénonciation des insultes contre les tirailleurs s’inscrit dans une volonté de réhabilitation de la mémoire collective. Loin de se résigner à laisser ces hommes dans l’ombre, mes écrits appellent à un réveil de la conscience collective. Il est temps de rendre à ces soldats ce qui leur est dû : reconnaissance, respect et hommage. Ces mots sont un appel à la justice historique, un cri de ralliement pour que les générations futures ne laissent pas l’injustice se perpétuer. L’histoire des tirailleurs est l’histoire d’une nation qui a, par le biais de la colonisation et de la guerre, entraîné dans son sillage des hommes qui ont été les invisibles bâtisseurs de sa victoire.

 

Toutefois, je ne me contente pas de dénoncer une injustice ; j’invite à un sursaut. Je demande que l’on cesse de voir les tirailleurs comme des spectres invisibles, relégués aux marges de notre histoire. Au contraire, leur place doit être rétablie dans la lumière, là où elle leur revient de droit, comme des héros qui ont contribué à la grandeur de la nation sénégalaise. Leur mémoire ne doit pas être réduite à une simple anecdote ou un épisode obscur, mais célébrée comme celle d’hommes dont les sacrifices ont été essentiels à la survie de la République. Je me réjouis de la récente commémoration initiée par le gouvernement du Premier ministre Ousmane Sonko.

 

Il est aussi crucial de rappeler que cette mémoire ne doit pas être l’apanage de quelques-uns, mais un bien collectif. Les tirailleurs sénégalais étaient issus de différentes régions d’Afrique, et leur héritage appartient à tous. L’histoire de ces hommes transcende les frontières géographiques et raciales. Elle est celle de la fraternité humaine, de la solidarité et du courage face à l’adversité. Elle incarne l’idée que, malgré l’oppression et l’injustice, certains ont choisi de se battre pour une cause plus grande que la leur. L’insulte traversera nos frontières et fera du mal au monde noir, c’est inacceptable.

 

Aujourd’hui, les descendants de ces colons assassins de nos tirailleurs, qui ont longtemps nié leur héritage et bafoué leur mémoire, se battent et s’inclinent devant l’horreur, la grandeur et la valeur inestimable de ces hommes pour l’histoire du monde. Ce retournement est le signe d’une reconnaissance tardive, mais essentielle, du sacrifice immense qu’ils ont fait pour des causes qui les dépassaient.

 

Même Juan Branco s’est érigé en défenseur de la mémoire de ces tirailleurs en s’attaquant à sa propre nation, la France. Son engagement pour la reconnaissance de l’injustice historique dont ont été victimes ces hommes témoigne de la nécessité de repenser notre vision collective de l’histoire et de rendre justice à ceux qui en ont été exclus pendant trop longtemps.

 

Cher pourfendeur à la tête kilométrique, votre salive au javel n’arrivera pas à entacher la mémoire de nos vaillants grands-parents. Leur dignité et leur sacrifice demeureront intacts, malgré vos efforts pour les souiller.

 

En fin de compte, l’appel à ne pas insulter nos héros n’est pas qu’un simple appel à la décence. C’est un combat pour la mémoire, pour la dignité, pour l’humanité elle-même. Il est temps de remettre en lumière l’héritage des tirailleurs, et de leur accorder enfin l’honneur qu’ils méritent. La guerre et la souffrance qu’ils ont vécues ne doivent pas être réduites à l’oubli ou à l’humiliation, mais à la reconnaissance d’un peuple envers ceux qui ont permis sa liberté. Ce n'est qu'en honorant ces hommes, en leur rendant leur place dans l’histoire, que nous serons véritablement à la hauteur de ce qu’ils ont fait pour nous.

 

Lorsque l’on ne sait plus quoi dire, mieux vaut emprunter la voix du silence et se taire, monsieur le Blanc du Pas-Laid.

 

 

A.A.N

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