De
vrais téméraires, ces conducteurs routiers qui affrontent le corridor
Dakar-Bamako pour assurer le transport des biens et des personnes. Un voyage
qui dure plusieurs jours sur des routes fortement dégradées, en plus des
tracasseries inhérentes aux contrôles intempestifs.
Cinq à
six jours, c’est ce qu’il faut aux camionneurs sénégalais pour rallier Bamako.
Ils entrent au Mali par la frontière Kidira-Diboli afin de passer par les villes
de Kayes, Diéma, Didiéni, et renter à Bamako par la ville de Kati.
Après
avoir supporté stoïquement les affres imposées par les tronçons Diboli-Kayes et
Kayes-Diéma, où la route est devenue quasiment inexistante, un vrai parcours du
combattant attend les conducteurs de camion entre Didiéni et Diéma. Les camions
et bus doivent rouler sur une piste sableuse et se retrouver couvert de
poussière comme s’ils étaient en plein désert.
Principal
facteur de destruction du bitume de cette voie, le surpoids des camions et bus,
notamment le non-respect de la charge à l’essieu, selon le discours officiel.
Mais cela ne saurait justifier l’état pitoyable des routes du corridor, surtout
dans la partie malienne, que ça soit sur l’axe Bamako-Kidira ou sur celui
reliant Bamako à Kédougou, cette autre voie utilisée par les routiers pour
entrer au Sénégal par le sud-est.
En
réalité, la mauvaise qualité des routes s’explique difficilement, si l’on sait
que le tronçon Bamako-Kayes a connu un coup de neuf avec des dizaines de
milliards de nos francs engloutis dans les travaux de réhabilitation, lors du
deuxième mandat de Feu le président Amadou Toumani Touré (ATT).
Il en est
de même pour l’axe Bamako-Kédougou en passant par Kita. A peine inaugurée, il y
a moins de dix ans, cette route est dans un piteux état, notamment avec ses
nombreux nids de poule qu’un chauffeur de camion s’amuse à dénommer « des
nids d’aigle » pour mettre en exergue leur profondeur.
Dans ces
conditions de voyage, la vitesse dépasse rarement 80km/h pour parcourir plus de
1250 km séparant Dakar et Bamako. Il faut rouler prudemment et parfois sur le
bas-côté, la chaussée étant impraticable. Et c’est avec des risques d’accidents
parce que la vigilance des conducteurs baisse à cause de la fatigue accumulée au
fil des heures de cascade.
En dépit
des manœuvres délicates que s’imposent ces chauffeurs (de véritables guerriers
de la route), des bêtes peuvent surgir à tout moment des broussailles, qui
bordent la route, pour engager une traversée périlleuse. Et gare au chauffeur
d’un camion qui touche au troupeau d’un éleveur !
A.B.N.