L’activiste, déchu de
sa nationalité française en juillet et condamné plusieurs fois pour incitation
à la haine raciale, a annoncé briguer la magistrature suprême en 2026 dans
le pays natal de ses parents.
A 42 ans, l’ex-leader
d’un groupuscule antisémite français, qui prônait la séparation entre Blancs et
Noirs, « panafricaniste » autoproclamé, s’est mué en opposant
béninois farouche. Dans sa vidéo, il adresse un long réquisitoire contre le
chef de l’Etat, l’accusant de mauvaise gouvernance et de « persécution »
envers ses adversaires politiques. « Le Bénin connaît une crise sociale
sans précédent (…) qui favorise les plus riches pendant que la
quasi-totalité du peuple vit dans des conditions qui dépassent l’entendement »,
déclare-t-il, déroulant un discours populiste dans lequel il évoque pêle-mêle
le sort des enseignants précarisés ou des agriculteurs soumis à des difficultés
économiques.
En se lançant officiellement
dans la course à la présidentielle, Kemi Seba, de son vrai nom Stellio Gilles
Robert Capo Chichi, marque une nouvelle étape dans son parcours controversé. Né
en 1982 à Strasbourg, il se fait connaître au début des années 2000 à
travers son mouvement Tribu Ka, dissous en 2006 par la justice française
pour violences, menaces, antisémitisme et incitation à la haine raciale.
« Hostile à la
France »
Depuis, il mène une charge
constante contre les pays occidentaux, en premier lieu la France. Adepte des
coups d’éclat, il fait polémique en brûlant, en 2017, un billet de
5 000 francs CFA, symbole du néocolonialisme, selon lui. Son discours
rencontre une large audience en ligne sur le continent et dans les diasporas
africaines. Il cumule plus de 1,3 million d’abonnés sur Facebook,
340 000 sur TikTok ou encore 290 000 sur X.
Ses prises de position lui
ont valu d’être interpellé, expulsé ou refoulé de plusieurs pays ces dernières
années, notamment de Côte d’Ivoire, du Sénégal et de Guinée. Sa relation avec
la France s’est tendue, jusqu’à ce qu’il soit déchu de sa nationalité
française, en juillet 2024. « Il mène de manière très
véhémente une activité délibérément hostile à la France, à son action et à ses
intérêts dans le monde, plus spécialement dans les pays de l’Afrique
francophone », justifiait à l’époque une source proche du dossier. « Plus
de nationalité française ? Gloire à Dieu. Libéré je suis de ce
fardeau », avait réagi Kemi Seba. En octobre, soupçonné d’ingérence
étrangère, il a été placé en garde à vue, avant d’être libéré sans être
poursuivi.
Porte-voix de la Russie
Depuis 2020, il est devenu un
fervent défenseur des juntes sahéliennes au pouvoir au Mali, au Burkina Faso et
au Niger, qui ont rompu leur alliance avec la France, et s’est parallèlement
mué en porte-voix de la Russie, pays parrain de ces Etats dirigés par des
militaires. Selon une enquête menée par un consortium de média, il a été
rétribué à hauteur de 440 000 dollars en 2018 et
en 2019 par l’ex-patron du Groupe Wagner, Evgueni Prigogine.
Alors que le président Talon
a assuré qu’il ne briguerait pas de troisième mandat, la présidentielle de 2026
au Bénin s’annonce ouverte. Néanmoins, à ce stade, rien n’assure que Kemi Seba
parviendra à remplir les conditions nécessaires pour se présenter au scrutin.
Depuis la réforme du code électoral, les candidatures indépendantes à la
présidentielle doivent nécessairement être soumises par un parti politique et
parrainées par au moins 28 élus, des députés ou des maires – ce qui n’est
pour l’instant pas le cas de Kemi Seba.
L’autre inconnue est le poids
électoral que pourrait avoir l’ancien leader de la Tribu Ka au Bénin, où il n’a
pas mené de carrière politique. « Kemi Seba est populaire grâce à ses
coups d’éclat et à son discours constant sur le panafricanisme. C’est une ligne
qui parle à la jeunesse africaine, mais tout cela ne donne pas d’indication sur
l’envie qu’auraient les Béninois de lui confier une charge aussi importante que
celle de chef de l’Etat. Il n’a jamais été confronté à un test
électoral », analyse Gilles Yabi, fondateur du cercle de réflexion
Wathi.
Infos :
diverses sources Internet