Bien que cette
possibilité ne soit pas encore officialisée, le général Mamadi Doumbouya,
président de la Transition, est soutenu par les membres de son gouvernement qui
manœuvrent pour le porter candidat à la prochaine élection présidentielle
annoncée pour cette année 2025, en violation manifeste de l’esprit de la Charte
de la transition.
Au cours d’une entrevue avec
nos confrères de Radio France internationale (RFI) le jeudi 9 janvier 2025,
Ousmane Gaoual Diallo, porte-parole du gouvernement guinéen, a évoqué
l’éventualité que le Général Doumbouya se présente à la prochaine élection
présidentielle : « Nous souhaitons qu’il soit candidat, puisque nous
espérons qu’il peut apporter plus de réponses aux attentes des populations en
termes de développement, en termes de l’unité du pays, en termes d’apaisement
que n’importe quel autre leader politique », a réagi le
porte-parole du gouvernement.
Cependant, poursuit Ousmane
Gaoual Diallo, « la décision lui revient à lui », dit-il.
Toutefois, précise le porte-parole du gouvernement : « Il
peut promettre qu’il va rendre le pouvoir. Si les populations guinéennes lui
font appel, il sera obligé de répondre positivement à l’appel du peuple
guinéen. Pour l’instant, il ne s’est pas prononcé, mais la majorité de la
population souhaiterait que le président soit candidat et qu’il continue les
transformations qu’il est en train de faire pour la Guinée », a fait
savoir Ousmane Gaoual Diallo, ministre des Transports.
De son côté, le porte-parole
de la présidence, le général Amara Camara, renchérit, en déclarant être
favorable à une candidature du chef de l'Etat à la prochaine élection
présidentielle : « Si Mamadi Doumbouya veut être candidat,
je l’encouragerai. Non seulement en termes de droits, il en a la possibilité,
il en a aujourd’hui la qualité pleinement, mais il n’y a aucune restriction en
termes de Constitution pour qu’il aille demain à une élection en Guinée",
a-t-il déclaré lors d'un déjeuner de presse, le weekend dernier.
Remarquons que cette position
est en porte-à-faux avec les principes défendus par la majorité des acteurs de
la vie sociopolitique guinéenne, lesquels jugent que cette question n’est pas à
l’ordre du jour. Leur principale préoccupation, c’est l’instauration d’une
transition civile, hic et nunc et ils y travaillent en accentuant la pression sur
les autorités de la Transition actuelle. En d’autres termes, pour eux, il faut que
le général 5 étoiles quitte le pouvoir dès à présent.
Mais alors, comment faire
passer une candidature de Mamady Doumbia, sachant qu’elle reste interdite par
la Charte de la Transition ? En effet, cette charte établie par les
autorités militaires peu après le coup d'État précise qu'aucun membre du
gouvernement issu du coup d'État militaire ne devra se présenter "ni
aux élections nationales ni aux élections locales".
Mais le général Camara,
porte-parole de la Présidence de la République, disons celui qui parle au nom
de Mamady Doumbia émet des propos sans équivoque pour signifier que rien
n'empêche de faire sauter ce verrou via l'adoption d'une nouvelle Constitution.
Ce qui permettra à Mamady Doumbouya de se présenter, sans entrave juridique.
Le reste, pensent certains
politiques qui soutiennent les militaires au pouvoir, ce sera une question de
concertation pour faire passer la pilule de la candidature de Mamady Doumbia,
si amère soit-elle.
M.D.